A. Boutoux*1, M. Vergnaud1, P. Haddad1, V. Croze1

Le site d’étude a accueilli des cuves de stockage d’hydrocarbures pendant une centaine d’années. La dépollution du site a lieu en parallèle de la construction des bâtiments au-dessus. Les sols du site ont été désimperméabilisés lors de la démolition, partiellement remaniés lors des travaux de terrassement, et sont traités par venting. La stratigraphie est (depuis la surface vers la profondeur) : remblais, masses et marnes du gypse, sables de Monceau et calcaires de Saint-Ouen. La nappe à 20 m de profondeur se trouve 10 m plus bas que les niveaux des sables de Monceau, faiblement aquifères.

La première phase de traitement a été réalisée juste après la désimperméabilisation et en préalable aux travaux de terrassement. Le venting a été réimplanté et réinstallé un an après, une fois le sous-sol des bâtiments réalisé. À la suite de la réimplantation du réseau de venting, des venues d’eau importantes ont été constatées, entraînant l’ennoiement de certains des ouvrages, sans que le niveau piézométrique ne bouge. L’ennoiement des ouvrages s’accompagne de variations des concentrations en polluants des gaz extraits, mais surtout d’une diminution locale de l’efficacité du traitement.

Parallèlement au traitement du site, la qualité de l’air a été surveillée dans le but de préciser les potentiels transferts de polluants vers l’air intérieur des bâtiments en construction. Des campagnes de prélèvement d’air ambiant ont été menées dans les parties intérieures du complexe, y compris dans des zones en contact direct avec les sols, et à l’extérieur, sur la voie publique. Ces investigations mettent en lumière de possibles transferts de polluants vers l’air intérieur des bâtiments, malgré la mise en dépression des sols, mais sans dégradation de la qualité sanitaire de l’air intérieur du site.

Coupe schématique du site et du système de traitement des sols par venting

1. Infiltrations des eaux météoriques dans les sols et impacts sur le traitement du site

1. Présence et circulation d’eau en périphérie du site :

Précipitations cumulées (7 jours) en 2023 et 2024 à proximité du site

2. Hauteurs d’eaux mesurées dans les sols superficiels (0-3m) en périphérie du site

Avril 2023
Septembre 2023
Mai 2024

3. Cartes de répartition des concentrations en hydrocarbures totaux extraits des sols

Avril 2023
Septembre 2023
Mai 2024

Infiltration des eaux souterraines dans les sols superficiels synchrones des variations de concentrations en HCT extraites des sols.

4. Impacts sur l’efficacité du traitement par venting :

Essai de pompage dans les ouvrages de venting saturées en eaux
Différentiels de dépression au droit du site en mai 2024

Accumulation des eaux infiltrées dans les ouvrages de venting.

Diminution des différentiels de dépression marquant la diminution de l’efficacité du traitement.

2. Surveillance de la qualité de l’air ambiant au droit du site, au contact des sols en traitement, et dans les bâtiments sous-jacents.

1. Méthodologie d’interprétation

2. Analyse de la composition de l’air ambiant

Composition de l’air ambiant en BTEX, Février 2024
  • Pas de dégradation de la qualité sanitaire
  • Composition de l’air extérieur ≠ air intérieur des bâtiments = air à proximité des sols
  • Possible transfert de polluant vers les bâtiments ou contamination de l’air du fait des travaux dans les bâtiments.
Composition de l’air ambiant en BTEX, Mars 2024
  • Légère dégradation locale de la qualité sanitaire à proximité des sols du site
  • Composition de l’air extérieur ≠ air intérieur des bâtiments = air à proximité des sols
  • Possible transfert de polluant vers les bâtiments ou contamination de l’air du fait des travaux dans les bâtiments.

La composition de l’air à proximité des sols mesurée en mars (présence d’un pic de concentration en Toluène) penche plutôt pour une contamination de l’air par les travaux.

Composition de l’air ambiant en BTEX, Avril 2024
  • Dégradation de la qualité sanitaire au contact direct des sols mais pas dans les bâtiments
  • Composition de l’air extérieur ≠ air intérieur des bâtiments ≠ air à proximité des sols
  • Pas de transfert de polluant vers les bâtiments

3. Synthèse des différents transferts potentiels de polluants

Cas 1 : Transfert depuis les sols vers l’air intérieur des bâtiments mais sans dégradation de la qualité sanitaire de l’air.

Cas 2 : Transferts depuis les sols vers les espaces à proximité. & Contamination de l’air intérieur des bâtiments par les travaux.

Cas 3 : Transfert de l’air extérieur vers l’air intérieur des bâtiments uniquement.

Conclusions et perspectives

Localisation des zones de faible efficacité du traitement du fait des infiltrations d’eau

De l’eau, d’origine météorique, s’infiltre dans les sols en périphérie du site et s’accumule au droit du site, bien au-dessus du niveau de la nappe.

  • Ces infiltrations sont synchrones des variations de concentrations des gaz extraits des sols.
  • L’eau s’accumule dans les ouvrages, entraînant la diminution de l’efficacité locale du traitement
  • Il est nécessaire d’adapter le traitement aux zones soumises aux infiltrations d’eaux par l’installation de nouveaux ouvrages permettant le pompage des eaux souterraines, la purge des ouvrages ennoyés.
  • L’analyse comparative de la composition des différents airs intérieurs permet de tracer de possibles transferts de matière au sein du site. Cette analyse permet de plus de montrer la contamination ponctuelle de l’air intérieur par les différents travaux réalisés sur le site.
  • Malgré les diminutions locales de l’efficacité du traitement, et les transferts ponctuels de polluants depuis les sols vers l’air intérieur des bâtiments, l’état sanitaire du
    site n’est pas dégradé.

1 Elément Terre, 17 rue Georges Méliès, 95240 Cormeilles-en-Parisis

* alexandre.boutoux@element-terre.solutions